Navigateur et pilote émérite, Arthur Léopold-Léger a fondé Elixir Aircraft en 2015. Son but ? Faire évoluer l’aviation en construisant des appareils à partir de matériaux composites. De nombreux aéroclubs et acteurs aéronautiques sont déjà séduits. Portrait d’un aventurier, entrepreneur et innovateur passionné.
Pour les Léopold-Léger, l’amour de la mer et des airs est une affaire de famille. Arthur a ainsi été bercé dès son plus jeune âge par l’aviation et le nautisme : passions qui animaient déjà son père et son grand-père. Féru de nature et d’évasion, il est nourri à la construction de bateaux, est breveté pilote d’avion à 16 ans et participe au Tour aérien des jeunes pilotes, organisé chaque année par la FFA. Lorsque son père, qui travaille pour un constructeur d’aéronefs, a un accident en vol, il n’hésite pas à interrompre sa formation d’ingénieur aéronautique à la Kingston University de Londres « Je suis resté avec lui pour l’aider à relancer ses projets. En parallèle, j’ai démarré la construction d’un bateau de course ».
S’inspirer du nautisme pour optimiser l’aviation
Une course transatlantique en solitaire plus tard - oui, Arthur Léopold-Léger aime se lancer des défis -, il a des souvenirs plein la tête. « J’ai trouvé beaucoup de sérénité durant cette traversée, car je suis en perpétuel émerveillement devant la nature. Admirer la vie dans l’eau et voir le reflet du ciel se perdre dans la mer, c’est magique. C’est mon cinéma à moi ». En 2015, il lance la société Elixir Aircraft, bientôt rejoint par deux collaborateurs. « Depuis tout petit, je travaille à optimiser les bateaux que je fabrique. Je me suis dit, pourquoi pas adapter cette démarche à l’aviation ». Au contact de l’innovation et de la technologie en permanence, il tire le meilleur des techniques du nautisme pour proposer un avion de 4ème génération « J’ai analysé les performances des avions depuis leurs débuts et j’ai réfléchi à comment répondre aux problématiques auxquelles l’aviation légère doit faire face aujourd’hui ».
Les fibres composites : un des moyens pour décarboner l’aviation légère
La réduction de l’impact environnemental constitue un enjeu clé pour le secteur aéronautique. Avec un poids réduit et une consommation de CO2 70 % plus faible que celle des avions légers classiques, l’Elixir rebat les cartes. Son secret ? Une composition en fibres de carbone, utilisant la technologie OneShot, qu’il a testée sur ses bateaux. En réduisant drastiquement le nombre de pièces utilisées, elle donne à l’aile, par exemple, une structure simplifiée et ultra légère. Au final, la même robustesse mais moins d’émissions. « Le OneShot est utilisé sur les bateaux depuis déjà 20 ans. C’était un vrai défi d’appliquer cette technique à l’aviation ». Un pari un peu fou mais qui s’est avéré payant. Tellement qu’aujourd’hui, outre les aéroclubs, de grands constructeurs s’intéressent à son projet. Un programme de recherche a même vu le jour pour qu’ils travaillent ensemble à l’amélioration de l’utilisation du composite. En juin dernier, TotalEnergies a accordé un prêt de 100 000 euros à Elixir Aircraft pour soutenir la transition écologique et énergétique en l’aidant à monter en cadence.
Un avenir prometteur pour l’Elixir
Les commandes de l’Elixir battant leur plein (le carnet est complet jusqu’au 50ème numéro de série), le pilote peut aujourd’hui se targuer de bien développer sa production. Une fierté pour Arthur-Léopold Léger, d’autant qu’il sera entièrement produit en interne. « Nous avions choisi de sous-traiter certaines opérations, mais aujourd’hui, nous sommes capables d’internaliser la totalité de la production ». Ce tournant dessine des perspectives prometteuses pour l’entrepreneur, qui rêve aussi de reprendre la barre de son bateau familial. « Avec ma femme, nous avions emmené notre fille faire sa première croisière à bord d’un bateau que nous avions rénové pendant 2 ans. C’était un voyage exceptionnel ! Aujourd’hui, il est aux Antilles et nous attend pour de nouvelles aventures dans les îles ». Côté ciel, Arthur, qui a déjà 1 000 heures de vol au compteur, se reverrait bien survoler la Norvège et ses fjords, ou la Roumanie, ses itinéraires favoris. En tant qu’entrepreneur, baroudeur solitaire ou père de famille, pour lui, le voyage ne s’arrête jamais.